jeudi 12 novembre 2009
Découvrez dès maintenant les installations typographiques du Parcours Koltès !
Carte réalisé par Clémént Morin et Victor Nardin avec un texte d'Alain (Georges) Leduc. Téléchargeable ici: recto et verso.
La ville et l’agglomération de Metz, en ce vingtième anniversaire de sa disparition, célèbrent, après Paul Verlaine (1844-1896), l’un de leurs autres enfants terribles, Bernard-Marie Koltès (né en 1948), qui ne s’est pourtant jamais privé d’exprimer publiquement son irritation épidermique vis-à-vis du caractère «bourgeois» et «provincial» de sa cité et de sa région natales. Mais le temps est passé ; les moeurs ont changé. O tempora ! o mores !, c’est bien connu...¶ Certes, Koltès ne s’aimait guère. Mais il aimait autrui, avait le goût des autres, et plus particulièrement des exclus, des Africains, des marginaux. Le principe d’altérité est indissociable de sa vie et de son oeuvre. Nul égoïsme chez lui, mais plutôt de l’égotisme, au sens stendhalien du terme. Voici ce qu’écrivait à son sujet un de ses meilleurs amis, le réalisateur et dramaturge Patrick Chéreau: «“Il n’y a pas d’amour il n’y a pas d’amour”, dit l’un des deux personnages de Solitude dans les champs de coton. Bernard demandait qu’on ne coupe surtout pas cette phrase qui le faisait sourire de sa façon si incroyablement lumineuse parce qu’il voulait qu’on la regarde, cette phrase, bien en face sans faire trop de sentiments. À nous de nous débrouiller, nous autres pauvres metteurs en scène sentimentaux, avec ce paradoxe, où se tient peut-être enfermée une part de sa vérité.» ¶ Toute rencontre renvoie à une question d’identité. Elle nous questionne en permanence sur notre lien à l’autre. Aussi Bernard-Marie Koltès savait qu’il ne pouvait exister seul. ¶ Pourquoi je regarde cet homme, cette femme, cet enfant ou ce vieil homme dans la rue ? Pourquoi je parle à cette personne ?... Pourquoi m’a-t-il bousculé, pourquoi nous aura-t-elle e eurés ? Chez Koltès, il est toujours question de corps. De corps individuel, de corps social. ¶ Aujourd’hui, par ce parcours pédestre et des installations typographiques, que les étudiants se sont appropriés, en choisissant chacun un extrait d’un livre de Bernard-Marie Koltès qu’ils ont mis en espace, c’est à la découverte des textes de celui-ci, de ses phrases, de ses mots que vous êtes conviés. ¶ Une oeuvre qu’il vous est donné de découvrir, ou de redécouvrir, différemment. Chaque lieu investi dans cet espace public aura été pleinement choisi et assumé par chaque étudiant.
Alain (Georges) Leduc,
Professeur à l’École Supérieure d’Art de Metz Métropole.